L’enfant se ronge les ongles, il refuse de s’éloigner de ses parents, il ne veut pas manger ni aller au lit, il développe des peurs irrationnelles (les orages, la noirceur). Voici quelques signes qui nous indiquent qu’il pourrait y avoir quelque chose qui ne va pas chez un enfant.
LES SYMPTÔMES DE L’AXIÉTÉ CHEZ L’ENFANT
Il y a quelques années, j’ai suivi un petit garçon de 6 ans en consultation. Ce dernier refusait d’aller à l’école. Mais, comme vous vous en doutez, il n’avait guère le choix d’y aller. C’est donc à contrecœur qu’il s’y rendait tous les matins. Petit à petit, il a commencé à avoir peur des orages, peur d’être mouillé par l’eau… À la maison, il s’est mis à faire des colères intenses. Puis, il se plaignait de maux de ventre. Ce petit garçon avait beaucoup changé, il avait constamment besoin d’être rassuré par ses parents. Il souffrait d’anxiété.
Comme dans l’exemple ci-dessus, pour affirmer qu’il y a possiblement de l’anxiété chez les enfants, il faut retrouver plusieurs symptômes. Au niveau comportemental (ex.: faire des colères) et au niveau émotionnel (ex.: développer des peurs). Cela engendre un impact dans le fonctionnement de l’enfant, par exemple : refuser d’aller à l’école.
COMMENT MIEUX COMPRENDRE L’ANXIÉTÉ CHEZ NOTRE ENFANT
Heureusement, il existe des outils à la disposition des parents pour aider leurs enfants. Tout d’abord, il faut comprendre que l’anxiété est une émotion secondaire et qu’elle est l’expression d’une émotion primaire non exprimée. Par ailleurs, on sait qu’un enfant qui se sent bien, pense et se comporte généralement bien. Les sentiments sont une part importante de la vie d’un enfant, car ils ont un lien direct avec leur comportement. Ainsi, l’accumulation d’émotions négatives simples et non digérées peut se manifester sous forme d’anxiété.
COMMENT AIDER UN ENFANT ANXIEUX ?
L’accueil des sentiments : valider ce que l’enfant ressent
L’accueille des sentiments est, selon moi, l’outil le plus efficace pour prévenir l’anxiété. Accueillir le sentiment veut dire, dans un premier temps, être capable de reconnaître et d’accepter les sentiments que vivent nos enfants et, dans un deuxième temps, de les aider à les vivre et à se libérer de ceux qui sont négatifs. Il s’agit d’une des nombreuses habiletés de communication que vous serez amenés à expérimenter lors de mes ateliers sur la communication bienveillante.
L’objectif est d’aider les enfants à exprimer leurs sentiments. Généralement, pour y arriver, le parent pose la question suivante : « Comment te sens-tu ? » Cela part d’une bonne intention, celle d’avoir reconnu l’importance de la vie émotive de son enfant. Mais ça ne fonctionne pas toujours bien, car, dans la majorité des cas (sauf pour un enfant habitué à ce qu’on reflète ses sentiments), il ne pourra pas répondre à la question et il se demandera plutôt : « quelle est la bonne réponse, qu’est-ce que maman voudrait que je dise ?»
En fait, la meilleure façon d’accueillir le sentiment est simplement de faire la projection de celui-ci et de mettre des mots à la place de l’enfant. Voici un exemple concret qui illustre mes propos :
Nous étions au début septembre et ma fille Mako commençait à ce moment-là sa troisième année. Elle rentre de l’école et dit d’un ton maussade : « C’était la pire journée de ma vie! »
Moi : « Ah, vraiment? »
Mako :« Oui, nous avons eu un test en mathématique, un test chronométré… c’était la première fois. »
Moi : « C’est vrai qu’un test, en partant, c’est stressant! Mais chronométré en plus, ça l’est davantage… il faut se dépêcher et ça, c’est très stressant! »
Mako : « Ouin … »
3 jours plus tard…
Mako : « Maman ? Est-ce que je peux emprunter ton téléphone? »
Moi : « Oui… Que veux-tu faire avec? »
Mako : « Je vais me chronométrer une minute. C’est le temps donné pour notre dernier test. Et je me suis préparé moi-même 30 additions et soustractions pour me pratiquer. »
Moi : « Ah!… »
C’est ainsi que notre conversation s’est terminée. Accueillir le sentiment ne veut pas dire trouver une solution ou donner un conseil. Il s’agit plutôt d’une validation de ce que l’enfant a certainement ressenti.
Voilà comment, dans une simple conversation où le parent accueille le sentiment de l’enfant, ce dernier peut arriver à trouver par lui-même la solution à un problème important.
Le message implicite que nous envoyons alors à notre enfant (celui qui restera dans sa mémoire et son corps), est celui-ci : « ma mère est toujours là en cas de difficulté (on travaille le lien parent-enfant), ce que j’ai ressenti comme terrible (pire journée de ma vie) est valide, donc je peux me fier à ce que je ressens et me faire confiance. Ma mère a confiance en ma capacité de trouver des solutions à mes problèmes, et ce, à mon rythme (ici, il aura fallu 3 jours). »
Et voilà comment on peut éviter un potentiel évènement qui aurait pu créer beaucoup d’anxiété et de stress chez un enfant.
Afin de réussir l’accueil du sentiment, il est primordial d’avoir de l’empathie envers son enfant. C’est la base et la clé du succès de cet outil. Si on est incapable de se mettre dans la peau de l’enfant et de croire que, de son point de vue, un test de math peut rendre sa vie terrible au point de voir sa journée comme étant la pire de sa vie, je vous suggère de ne pas utiliser cet outil. Je vous propose plutôt celui-ci :
Le contact physique
Parfois, en tant que parent, les mots ne nous viennent pas. Il n’est pas toujours évident pour un parent de se mettre dans la peau d’un enfant de 4 ou 8 ans. Alors, je propose une autre manière qui peut aider à dénouer les situations où il y a de l’anxiété : le simple contact physique.
Voici un exemple relaté par une maman qui suivait jadis mes ateliers de groupe.
Elle avait un petit garçon de 4 ans. Un matin, il refusa d’aller à la garderie. Ça tombait très mal, car c’était la seule journée de la semaine où elle devait partir tôt pour aller travailler. Il refusait catégoriquement d’aller à la garderie, il rouspétait, criait : « Je n’aime pas la garderie! »
La mère n’a pas essayé de convaincre l’enfant, car elle suivait mes ateliers et elle savait que ce n’était pas la meilleure avenue. Elle savait aussi qu’elle n’était pas disposée, à ce moment-là, à accueillir l’émotion de son enfant. Que faire, alors? Elle s’est ressaisie et elle l’a pris dans ses bras en se disant : « je vais m’asseoir quelques minutes dans la chaise berçante avec lui et on verra par la suite… » Et ils se sont installés confortablement. Au bout de deux minutes, le petit garçon dans les bras de sa mère s’est mis à dire qu’il ne voulait pas aller à la garderie, car, ce matin-là avait lieu le cours de natation. Il n’aimait pas le professeur de natation et il trouvait l’eau trop froide. Il demanda ensuite à sa mère si elle pouvait informer l’éducatrice qu’il ne participerait pas. Puis, il s’est levé et a déclaré : « Maman, dépêche-toi! Nous allons être en retard à la garderie! » La mère était bouche bée.
Dans cet exemple, l’enfant a senti par le langage non verbal de sa mère qu’elle était prête à l’écouter. Comme dans l’exemple avec ma fille, il possédait en lui une piste de solution.
ET LE PETIT GARÇON QUI REFUSAIT D’ALLER À L’ÉCOLE DANS TOUT ÇA?
Après une évaluation avec le jeu, on s’est rendu compte que le jeune garçon vivait une problématique en surface au niveau de l’école sur une base de rivalités dans la fratrie à la maison. Son estime était également fragilisée. J’ai vu le petit garçon pendant quelques semaines. Parallèlement, les parents ont suivi mes ateliers de communication, ce qui a permis de réduire considérablement mon temps d’intervention avec l’enfant. Dorénavant, ses parents savent accueillir ses sentiments, de même que ceux de ses frères et sœurs et même entre eux! Ils désamorcent les émotions négatives au fur et à mesure qu’elles arrivent. Les enfants savent exprimer leurs sentiments et trouvent des solutions par eux-mêmes. La mère relate une plus grande autonomie chez les trois enfants et une grande fierté qui vient avec. Pour cette mère, c’était le début d’une période de vie où elle avait plus de temps pour elle…
C’est magnifique ce que l’éducation humaniste, qui met les êtres humains et les valeurs humaines au centre de nos vies, peut faire dans une famille! J’en suis chaque jour touchée et de travailler avec les familles une à une me rend optimiste pour l’avenir!